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Saint Seiya : la Grande Ourse et les guerriers divins d'Asgard






Grâce aux noms des personnages du manga Saint Seiya, nous allons comprendre l'origine du nom des étoiles de la Grande Ourse.


Le manga Saint Seiya est davantage connu en France sous le nom « Les Chevaliers du Zodiaque ». La version animée de ce manga a fait les belles heures du Club Dorothée dans les années 1990. A l’origine, il s’agit d’un manga écrit et dessiné par Masami Kurumada, publié au Japon à partir de 1985.


Saint Seiya c’est un mélange réussi de mythologie grecque et d’astronomie, auxquelles viennent s’ajouter des croyances et de mythes issus du monde entier (Bouddhisme, mythes Européens ou encore Asiatiques). Grâce à tous ces éléments, Masami Kurumada a créé une œuvre attrayante et prenante, d’une richesse incroyable.


Le manga raconte l’histoire de cinq chevaliers d’un nouveau genre : Seiya (Pégase), Shiryu (Dragon), Hyôga (Cygne), Shun (Andromède) et Ikki (Phoenix). Au service d’Athéna, ils sont protégés par une armure représentant une constellation, dont ils tirent leur force et leur énergie. Tout au long de l’histoire, on suit les combats épiques des cinq personnages principaux qui doivent affronter des adversaires de plus en plus coriaces.


L’histoire se découpe en plusieurs arcs : Sanctuaire, Asgard, Poséidon et Hadès. Dans cet article, je vais m’intéresser au chapitre Asgard. Comme son nom l’indique, cette partie fait intervenir la mythologie nordique tout en intégrant des références astronomiques.


Rappelons que cette partie n’est pas l’œuvre de Masami Kurumada, mais bien des studios de la Töei Animation afin de permettre au mangaka de prendre un peu d'avance sur la version animée.


LES GUERRIERS DIVINS

Dans le chapitre Asgard, on découvre les nouveaux ennemis de nos héros : les sept guerriers divins (on découvrira un peu plus tard qu’il y en a huit). Contrairement à nos héros, ils ne sont pas protégés par une constellation, mais par une des étoiles de la Grande Ourse (le « char d'Odin » chez les Scandinaves), dont seule la partie en forme de casserole est ici prise en compte.


Les guerriers divins portent les noms des sept étoiles de la Grande Casserole, associées à une lettre grecque :

Siegfried de Dubhe, étoile Alpha

Hagen de Merak, étoile Beta

Thor de Phecda, étoile Gamma

Alberich de Megrez, étoile Delta

Fenrir d’Alioth, étoile Epsilon

Syd de Mizar, étoile Zeta

Bud d’Alcor, étoile Zeta prime

Mime de Benetnasch, étoile Eta


Grâce aux guerriers divins, nous allons nous intéresser aux noms des étoiles de la Grande Ourse. Nous allons découvrir l’origine de ces noms et comprendre pourquoi les étoiles sont également dénommées par une lettre grecque.


LES NOMS DES ÉTOILES DE LA GRANDE OURSE

Comme nous le voyons sur la carte ci-dessous, Dubhé, Merak, Phecda, Megrez, Alioth, Alcor, Mizar et Benetnasch sont les noms des étoiles qui dessinent la Grande Casserole. Mais d’où viennent ces noms et que signifient-t-ils ?


Les noms des étoiles dans la Grèce Antique.

Un des plus anciens catalogues d’étoiles à nous être parvenu est celui de Ptolémée. Publié au IIe siècle de notre ère, l’Almageste fait la synthèse des connaissances astronomiques de la Grèce Antique. Dans cet ouvrage, Ptolémée décrit la position des étoiles des 48 constellations inventées par les Grecs ; constellations toujours en usages aujourd’hui.


Si Ptolémée mentionne les noms des constellations, ce n’est pas le cas des étoiles. Dans l’Almageste, seuls quatre étoiles sont clairement nommées : Aetos (ancien nom d'Altaïr), l’étoile la plus brillante de la constellation de l’Aigle, Antarès dans le Scorpion, Basiliskos (ancien nom de Regulus) dans le Lion et Lyra, ancien nom de Vega dans la Lyre.


Pour les autres étoiles, Ptolémée se contente de les situées par rapport à leur position dans les constellations. Par exemple, l'étoile la plus brillante du Taureau est « la rouge qui représente l'œil du sud ». Aujourd'hui, cette étoile est connue sous le nom arabe d'Aldébaran, qui est également le nom du chevalier d’or du Taureau dans Saint Seiya.


Influences arabes

Après Ptolémée, l'astronomie est mise en sommeil en Europe. Il faut attendre l'avènement de l'Islam, à partir de 620, pour que les connaissances grecques soient redécouvertes. A partir du VIIIe siècle, l’étude de l’astronomie s'est déplacée d'Alexandrie à Bagdad. Là, l'œuvre de Ptolémée est traduite en arabe. C’est de là qu’elle tire son nom, l'Almageste, qui signifie “la très grande”. L'astronome Al-Ṣūfī (903-86), l'un des plus grands astronomes arabes (également connu sous le nom latinisé d'Azophi), produit sa propre version du catalogue d'étoiles de Ptolémée. Il le publie sous le nom “Livre des Étoiles Fixes”, dans lequel il a ajouté de nombreux noms d'étoiles. C’est là la principale source des noms d’étoiles actuels. Ainsi, Fomalhaut, le nom de l’étoile la plus brillante de la constellation du Poisson Austral, vient directement de l'arabe qui signifie « la bouche du poisson ».


LA GRANDE OURSE DANS L'ATLAS D'AL SUFI


Cependant, les nomades arabes possédaient déjà leurs propres constellations, bien avant de découvrir les constellations grecques. Et ils avaient également nommées les étoiles les plus brillantes. Mais leurs mythes étaient très différents de ceux des Grecs. Une partie des noms arabes d'étoiles proviennent de ces représentations traditionnelles. Ainsi, la dernière étoile du manche de la Grande Ourse à la particularité d’être connue sous deux noms : Alkaid, qui est le nom que lui a donné Al Sufi, et Benetnash qui est issue du folklore traditionnel.


Les traductions latines

À partir du Xe siècle, l’Almageste de Ptolémée est introduit en Europe par l'intermédiaire du monde arabo-musulman. Là, il fut traduit de l'arabe en latin, la langue scientifique de l'époque. Tolède, en Espagne, est devenue un grand centre de traduction à partir du XIIème siècle. Les érudits de toutes les nations s'y rendait pour découvrir ses richesses culturelles et scientifiques. Les noms des étoiles sont donc, pour l’essentiel, un héritage arabe traduit en latin avec plus ou moins d’exactitude.


Les noms latin des étoiles de la Grande Ourse

Dubhé : de l’arabe Dhahr [al-dubb al-akbar] « le dos [de la Grande Ourse] »

Merak : de l’arabe maraqq « le bas ventre »

Phecda : de l’arabe Fahd « la cuisse »

Megrez : de l’arabe Magriz « la base de la queue »

Alioth : de l’arabe al-jawn « le cheval noir », traduction incertaine

Mizar : de l’arabe al mi’sar « la ceinture » traduction incertaine

Alcor : de l’arabe al’qur « le cavalier »

Alkaid : de l’arabe al qa’id « la meneuse ». Cette étoile est également connue sous le nom Benetnash : de l’arabe banat nash « les pleureuses qui accompagnent le cercueil » (nash = cercueil).


Une fois cette histoire connue, on se rend compte que les noms des Guerriers divins tombent à plat ! Par exemple, Thor de Phecda porte le nom du dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique, associé à Phecda “la cuisse de l’ourse”. Littéralement, on pourrait donc le traduire par “dieu du tonnerre de la cuisse de l'ourse” !


DES LETTRES GRECQUES POUR LES ÉTOILES

En plus d’un nom latin, les étoiles sont également nommées par une lettre grecque. En 1603, l’astronome allemand Johannes Bayer (1572-1625) publia Uranometria. Dans cet atlas, il reprend les 48 constellations de Ptolémée auxquelles il ajouta les 12 nouvelles constellations de l’hémisphère sud récemment inventées par les navigateurs hollandais Keyser et Houtmann.


Pour désigner les étoiles, Bayer innova en leur attribuant une lettre grecque. En principe, l’étoile la plus brillante de la constellation reçoit la désignation alpha, puis la suivante bêta, etc … Si les 24 lettres de l’alphabet grec ne suffisaient pas, la suite devient latine, avec d’abord des lettres majuscules, puis minuscules si nécessaire.


Ça, c’est pour la théorie, car en pratique, si des étoiles de même éclat étaient voisine sur le ciel, la logique géométrique prévalait sur l’ordre alphabétique : on partait de la tête de la figure mythologique pour finir à ses pieds ou à sa queue.


Bayer réalisa sa nomenclature des étoiles à une époque où la lunette astronomique n’existait pas encore. Il s’ensuit des erreurs d’appréciation de l’éclat des étoiles. Ainsi, Alpha n’est pas toujours l’étoile la plus brillante d’une constellation. Cette remarque est valable pour 34 des 88 constellations.


Il existe également quatre constellations qui ne possèdent pas d’étoile alpha : Petit Lion, Règle, Poupe et Voiles. Pour ces deux dernières, la raison de cette absence est simple. A l’origine, elles faisaient parties de la très grande constellation du Navire Argo. Mais l’astronome Lacaille divisa cette constellation en trois parties : Carène, Poupe et Voiles. L’étoile la plus brillante de cette ancienne constellation, Canopus, est devenue alpha Carinae (Alpha de la Carène). Les constellations de la Poupe et des Voiles n’ont donc pas d’étoile alpha.


Lors de sa création par Lacaille en 1752, la constellation de la Règle (Normae en latin) possédait une étoile alpha. Mais par suite des nouvelles frontières définies par l’UAI en 1928, l’étoile alpha Normae se retrouve maintenant dans la constellation du Scorpion, où elle a pris le nom de N Sco.


Quant à l’absence d’étoile alpha dans le Petit Lion demeure inexpliquée.


Les noms des étoiles de la Grande Ourse dans la nomenclature de Bayer

Dubhe : Alpha UMa

Merak : Beta UMa

Phecda : Gamma UMa

Megrez : Delta UMa

Alioth : Epsilon UMa

Mizar : Zeta UMa

Alkaid : Eta UMa


En se basant sur la nomenclature de Bayer, les créateurs de la Toei Animation ont ainsi établie une sorte de hiérarchie entre les Guerriers Divins. Fort logiquement, le chef des Guerriers Divins est Siegfried, héros légendaire de la mythologie nordique, qui fut associé à l’étoile Alpha, qui est l’étoile la plus brillante de la Grande Ourse. Quant au guerrier Mime de Benetnash (l'étoile Alkaid), il est associé à l'étoile la moins brillante de la Grande Casserole, et il semble être le moins fort des chevaliers d'Asgard.


UNE ÉTOILE DOUBLE SURPRENANTE