Regiomontanus (1436-1476) Biographie
Astronome allemand, Regiomontanus a marqué le XVe siècle. Par son travail rigoureux, il assurera le lien entre l'astronomie du monde arabo-musulman et le système héliocentrique de Copernic.

Né le 6 juin 1436 à Unfinden, un village de Franconie, près de Königsberg en Bavière, Johannes Muller est plus connu sous son nom latin de Regiomontanus (La Montagne du Roi, traduction latine de Königsberg).
A l’âge de 11 ans, cet élève doué suit les cours de l’université de Leipzig, puis rejoint en 1450 l’université de Vienne, haut lieu des mathématiques et de l’astronomie de l’époque. Là, il rencontre Georges Peurbach (1423-1461), qui devient son professeur d’astronomie et son mentor. Ensemble, ils fabriquent des instruments d’astronomie et observent éclipses de Lune et comètes.
Peurbach fut chargé par le cardinal Bessarion de retraduire en latin directement à partir du grec l’Almageste de Ptolémée, datant du IIe siècle, car les traductions antérieures réalisées du grec en arabe, puis de l’arabe en latin, comportaient de nombreuses erreurs et approximations. Bessarion invita d’ailleurs les deux hommes à Rome afin qu’ils puissent travailler directement à partir des manuscrits grecs originaux de sa collection personnelle. Regiomontanus honora l’invitation du cardinal en 1461, pour achever le travail de son maître qui venait de décéder.
Quatre ans plus tard, il publie Epitoma in Almagestum Ptolomei, qui présente de manière synthétique les travaux de l’astronome grec. Bien que partisan du système géocentrique, l’érudit allemand n’hésite pas à pointer les incohérences entre les théories proposées dans l’Almageste et l’observation réelles des phénomènes. L’Epitoma influencera grandement les travaux des astronomes suivants, dont un certain Nicolas Copernic.

FRONTISPICE DE L'EPITOME DE REGIOMONTANUS
Après avoir pris connaissance des travaux de mathématiciens arabes comme al-Battani et al-Tusi, Regiomontanus développe de nombreux outils de trigonométrie moderne, dont il est considéré comme l’un des pères fondateurs en Europe. Ses travaux sont publiés dans De Triangulis Omnimodibus (Des triangles de toutes sortes).
En 1467, il quitte Rome pour devenir astronome royal à la cour de Matthias Ier de Hongrie, où il fabrique des instruments d’observations et dresse d’importantes tables astronomiques. Quatre ans plus tard, Regiomontanus regagne son pays natal et s’installe à Nuremberg, qui est alors un important foyer culturel. Il y fonde le tout premier observatoire astronomique d’Allemagne et rédige de nombreux ouvrages d’astronomie. Il doit d’ailleurs sa renommée à la qualité des tables, dans lesquelles il indique pour chaque jour des années 1475 à 1506, les positions des planètes. Enfin, en 1475, il est convoqué à Rome par le pape Sixte IV en tant qu’expert en calendriers, pour mettre au point une réforme du calendrier julien. Malheureusement, Regiomontanus meurt l’année suivante, probablement de la peste. Il a alors 40 ans.
Le travail l’érudit de Franconie passa à la postérité grâce à un jeune commerçant de Nuremberg, Martin Behaim (1459-1507), qui diffuse les éphémérides et les instruments du savant jusqu’au Portugal. L’utilisation de l'arbalestrille (ou Bâton de Jacob), instrument qui permet de mesurer facilement les distances angulaires va s’avérer un outil précieux, car il est utilisable aussi bien sur la terre ferme que sur les navires. Au XVIème siècle, le Portugal deviendra une grande puissance maritime, et ces munies des éphémérides et les instruments de Regiomontanus que Christophe Colomb, Vasco de Gama et Amerigo Vespucci entreprendront leurs périlleux voyages en mer.
