Aux origines des constellations : le Taureau

La constellation du Taureau a pour origine deux groupes d'étoiles mentionnés sur les tablettes MUL.APIN (datant du VIIe siècle avant J-C, mais dont les données astronomiques remontent aux XIIIe/XIIe siècles avant J-C) : MUL.MUL " les étoiles " qui correspondent à l'amas des Pléiades et GUD.AN.NA « le taureau du ciel » pour l’amas des Hyades. GUD.AN.NA est venue se superposer à IS.LI.E « la mâchoire du taureau » qui correspondait à l’étoile Alpha Tau, que nous appelons aujourd’hui Aldébaran.
Dans la mythologie mésopotamienne, le taureau est l’animal d’Anu, dieu du ciel et père de tous les dieux. La légende raconte qu'Ishtar, déesse de l'amour, faisait des avances au beau Gilgamesh, roi de la cité d'Uruk. Mais ce dernier la repoussa assez brutalement. Vexée, la déesse demanda à son père de la venger. Anu envoya alors un taureau détruire Uruk. Gilgamesh affronta la bête et finit par la terrasser.
Nous savons que les Mésopotamiens accordaient une certaine importance au Taureau, car le 21 mars, jour de l’équinoxe de printemps, le Soleil passait devant les Hyades vers 2900 avant J-C, avant de situé au voisinage des Pléiades vers 2300 avant J-C, en raison du mouvement de précession de la Terre. Or, en Mésopotamie, l’équinoxe de printemps marquait le début de l’année.

LE VERSEAU DANS L'ATLAS DE BAYER (1603)
LES HYADES
L'amas des Hyades, un groupe de 7 étoiles bien visible aux côtés d’Aldébaran, semble être à l'origine de la constellation. En effet, l’amas dessine la lettre V, suggérant l’aspect schématique d’une tête de taureau, notamment si on le prolonge vers les étoiles qui forme l’extrémité des cornes. En dehors de la tête de l’animal, les autres étoiles sont très peu brillantes.
L’étymologie des Hyades nous renvoie au grec Huádes « les Pluvieuses ». Selon Eratosthène, la forme en U de leur disposition céleste rappel la première lettre de leur nom grec. Leur nom pourrait provenir de hyein « pleuvoir » car l'apparition de ces étoiles coïncide avec la saison des pluies selon Hygin. Ovide les nomme « étoiles porteuses de pluie ». Selon les sources, elles passent pour être les filles d'Hyas, dieu de l’Eau fertilisante et dont le nom se rapporte à hys « porc ». Or, le porc mâle est le symbole de l’eau inséminatrice et fertilisante. Quant à l’interprétation pastorale, elle aura vu dans l’assemblage d’une étoile brillante et de quelques autres plus faibles une famille de porc, probablement une truie et ses petits, tout comme ce fut le cas pour les Pléiades (une poule et ses poussins) ou la chèvre et les chevreaux dans la constellation du Cocher.
LES PLÉIADES
L’amas des Pléiades est beaucoup plus compact que celui des Hyades. Seul amas parfaitement discernable à l’œil nu, il fut repéré par toutes les civilisations antiques, probablement pour son aspect insolite, et en raison de sa position proche de l’écliptique. Tout comme les Hyades, il servait de repère pour l’établissement des calendriers agricoles et maritimes. Leur nom renvoi à la racine indo-européenne qui désigne "multiplicité, la foule". Au Moyen-Age, l'amas est parfois nommé la poussinière.
DANS LE MONDE GREC
La constellation passe dans le monde grec vers le VIe siècle av J-C, car elle est mentionnée pour la première fois par Phérécyde de Syros (vers 540 avant J-C).
Au temps d’Aratos (vers 315-240 avant J-C), les grecs ne voyaient dans la constellation que la partie avant de l’animal. L’arrière du taureau étant devenu la constellation du Bélier, probablement pour marquer le décalage du point vernal due au mouvement de précession de la Terre.
Pour les grecs, plusieurs taureaux peuvent revendiquer l’honneur céleste. Eratosthène rapproche la constellation du mythe crétois de l’enlèvement d’Europe. Mais il pourrait tout aussi bien s’agir du mythe du Minotaure, très rependue en Crète, ainsi que du mythe de Io transformée en génisse.
Le Taureau figure parmi les 48 constellations mentionnées par Ptolémée dans son Almageste.
ORIGINE DU NOM DES ÉTOILES DU TAUREAU :

CARTE MODERNE DE LA CONSTELLATION DU TAUREAU. LES ÉTOILES SONT NOMMÉES
SELON LA CLASSIFICATION DE BAYER (lettres grecques).
Aldébaran (alpha Tau) : de l'arabe al-dabara « la suivante » car elle suit les Pléiades.
El Nath (bêta Tau) : de l'arabe an natih « celle qui heurte », donc la corne du taureau.
Ain (epsilon Tau) : de l'arabe Ayn al-Tawr « l’œil du taureau ».