Le globe Gottorf, ancêtre des planétariums

Construit entre 1650 et 1664 pour le compte du duc Frédéric III von Schleswig Holstein-Gottorf, ce globe de trois mètres de diamètre est installé dans un pavillon spécifique du jardin du château de Gottorf, à Schleswig (nord de l’Allemagne, près de la frontière danoise). Le globe est conçu par le savant et bibliothécaire Adam Olearius, et réalisé par l’armurier Andreas Bösch, selon les plans dessinés par le duc lui-même.
Le globe de Gottorf est le premier à être visitable de l’intérieur. Il est également le premier de cette taille à être rotatif, et à représenter simultanément la sphère terrestre et céleste.
À l'extérieur du globe est peint le monde connu de l’époque : Europe, Afrique, Amérique et Asie, avec les frontières des pays tracées en couleur. Tout comme les globes de Cornonelli, l’intérieur des continents et des océans est peuplé d’animaux, de flottes de bateaux et de monstres marins.

A l’intérieur, il montre le ciel et les étoiles, ainsi que la trajectoire apparente du Soleil, vue de la Terre. On y accède par une petite trappe, pour prendre place autour d'une table ronde autour de laquelle peuvent tenir douze personnes. De là, on peut voir le ciel étoilé tourner autour de soi.
Contrairement à un globe terrestre dont l’inclinaison est de 23°26’, celui de Gottorf est incliné de 54° 30’, ce qui correspond à la latitude de Schleswig. Le but étant bien entendu, de représenter le ciel étoilé visible depuis cette ville.
Les étoiles sont représentées par plus de 1000 têtes de clous en laiton doré, tandis que les constellations sont peintes en couleur sur le fond bleu du ciel. La taille des clous tient compte de la magnitude apparente des étoiles, afin de respecter leur éclat réel sur le ciel.
Le long de l'écliptique tourne une couronne dentée sur roulements à rouleaux, portant un modèle de Soleil. Le Soleil accomplit aussi bien son mouvement diurne (lever et coucher), que son mouvement annuel (changements de hauteur, et d'azimut du lever et du coucher au cours de l'année). Au-dessus des spectateurs, un demi-méridien est gradué en degrés. En raison de leur complexité (précession des nœuds et rétrogradation des planètes), la course de la lune et des planètes n'était pas incluse dans le concept mécanique du globe.

Au niveau du pôle sud, un système d’engrenages permet au globe de tourner sur lui-même, afin de simuler la rotation diurne du ciel. L’ensemble est mû par un moulin à eau situé dans la cave du bâtiment. Un autre système permet, à partir d’une manivelle située à l’intérieur du globe, de le faire tourner manuellement, et ce, indépendamment du mouvement hydraulique. En ce sens, le globe de Gottorf constitue le premier planétarium visitable de l'histoire, capable de montrer au visiteur le mouvement du ciel en direct !

Fasciné par sa visite en 1713, le tsar Pierre le Grand se fait offrir le globe et l’installe à la Kunstkamera, le Musée d'ethnographie et d'anthropologie de l'Académie des sciences de Russie à Saint-Pétersbourg, où il est toujours visible.
Au château de Gottorf, où l’ancien pavillon a disparu depuis longtemps, un nouveau pavillon fut conçu en 2005 pour accueillir une reconstitution fidèle de son modèle russe.
