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Jai Singh II, le maharaja astronome


Le Rajasthan, province du nord de l’Inde, abrite une série d’observatoires astronomiques d’un genre un peu particulier. Ils sont l’œuvre de Jai Singh II (1688 – 1743), un maharaja féru d’astronomie et d’astrologie.

Observatoire astronomique Jantat Mantar, à Jaipur (Inde).

L'OBSERVATOIRE JANTAR MANTAR DE JAIPUR


L’INDE, ENTRE ASTRONOMIE ET ASTROLOGIE

L'astronomie occidentale fut introduite en Inde plusieurs siècles avant l'époque de Jai Singh II. Dès l’Antiquité, l’Inde fut exposée aux idées astronomiques babyloniennes. Puis au Moyen-Age, les contacts avec les Perses favoriseront l’introduction de l’astronomie grecque dans la région. Après plusieurs siècles d’exposition, l’astronomie occidentale fut progressivement incorporée dans le système astronomique traditionnel indien, sans pour autant se substituer à l’astrologie.


En effet, en Inde, astronomie et astrologie sont intimement mêlées. Encore aujourd’hui, récit mythique et prédiction astrologique coexistent avec la science moderne. Pour les indiens, les phénomènes célestes sont associés aux dieux et à la Vérité sacrée. En conséquence, une grande partie de la population est convaincue que des secrets divins sont révélés par l’interprétation des mouvements des planètes.


LE MAHARAJA ASTRONOME

Portrait de Jai Singh II.

Ce mélange d’astronomie et d’astrologie est à la base de l'éducation de Jai Singh II. Le maharaja accède au trône à l’âge de onze ans. Il consacrera sa vie à la recherche de la connaissance, notamment dans les domaines de la religion, de la philosophie, des arts, et bien entendu, de l’astronomie et de l’astrologie. En astronomie, il a étudié les travaux de Ptolémée et d’Euclide, ainsi que l'astronomie arabo-persane. Fidèle à la tradition indienne et à Ptolémée, il est partisan du système géocentrique.


Suite à ses observations, il constate que ses ouvrages sont fort imprécis. En 1719, alors que l'empereur mongol Mohammad Shah était sur le point de partir dans une expédition à long terme, les astronomes furent incapables de fournir les prédictions astrologiques concernant le voyage, en raison d’un écart de plusieurs jours constaté entre la position des planètes sur le ciel et celle calculée.

Suite à cet événement, l’empereur mongol demandera à Jai Singh II de lui fournir des éphémérides astronomiques fiables. Pour gagner en précision, le maharaja ordonnera alors la construction d’instruments de plus en plus grands.


LA RÉALISATION DES OBSERVATOIRES

Le premier observatoire est réalisé à Delhi à partir de 1724. Les observations résultantes permirent de réformer le calendrier impérial et de mesurer l'obliquité de l'écliptique*.


Lorsque Jai Singh décida de déménager sa capitale à Jaipur, il fit construire à côté de son palais, un observatoire beaucoup plus grand. Au total, entre 1724 et 1734, cinq observatoires seront construit dans 5 villes différentes : Delhi, Mathurâ (aujourd’hui disparu), Varanasi (incomplet), Ujjain et Jaipur. Ils sont nommés Jantar « instrument » Mantar « temple », littéralement le « temple des instruments ».

Carte des observatoires astronomiques de Jai Singh II.

CARTE DU NORD DE L'INDE AVEC LOCALISATION DES CINQ OBSERVATOIRES

RÉALISÉS PAR JAI SINGH II

Ces observatoires sont tous conçus selon le même principe. Ils sont composés d’un ensemble de bâtiments formant des cadrans solaires de très grandes dimensions. Ils sont essentiellement dédiés à l’astrométrie, c'est à dire la mesure de la position des astres en azimut et hauteur. Cela permet de cartographier le ciel et de suivre la course des planètes sur le ciel au fil des saisons, de déterminer les solstices et les équinoxes et d’établir les calendriers pour les cycles religieux et agricoles. Celui de Jaipur est de loin le plus grand et le plus complet.


DES OBSERVATOIRES SANS LUNETTE, NI TÉLESCOPE

Observatoire astronomique Jantar Mantar, à Delhi.

LE JANTAR MANTAR DE DELHI

A l’époque de Jai Singh, cela fait plus d’un siècle que la lunette de Galilée s’est répandue dans toute l’Europe. On s’étonnera alors de la motivation du maharaja à vouloir construire des cadrans solaires toujours plus grands, à défaut d’équiper ses observatoires de lunettes et de télescopes. Sans doute faut-il y voir le symbole du pouvoir impérial et de la maitrise du temps, car ces observatoires répondaient à la fois à des besoins politiques, scientifiques et religieux.


Suite à la construction de ses magnifiques observatoires, Jai Singh II a acquis une réputation d’un roi constructeur et astronome. Cependant, bien qu’il est certainement eut la volonté de contribuer à la renaissance de l’astronomie en Inde, ses intentions réelles restent toujours un mystère.


*Inclinaison de l’axe des pôles de la Terre par rapport au plan de son orbite.


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