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Hypatie, une astronome méconnue


Hypatie par Alfred Seifert (1901)

Dans l’Antiquité, les femmes de science ne sont pas nombreuses. Hypatie d’Alexandrie fait figure d’exception. Son destin tragique nous est raconté par Socrate le Scolastique, historien chrétien du Vème siècle.


Né en 355 ou 370, Hypatie était la fille de Théon, dernier directeur du musée d’Alexandrie. Ce dernier accorda une importance à l'éducation de sa fille dont il voulait faire un « être parfait » selon l'idéal philosophique platonicien. Ainsi, Hypatie ira jusqu’à Athènes pour assister au cours du lycée fondé par Aristote et de l'Académie fondée par Platon.


De retour à Alexandrie, elle réalise avec son père de nombreux commentaires notamment sur les Coniques d'Apollonius, les Eléments de géométrie d'Euclide et sur l’Almageste de Ptolémée. Elle écrit ensuite, seule, de nombreux ouvrages de mathématiques et d’astronomie, qui hélas, ne nous sont pas parvenu. Elle construira également un astrolabe plan, permettant de relevé la position des planètes sur le ciel.


Rapidement, la notoriété d’Hypatie dépasse celle de son père. Elle dirige l’école néoplatonicienne d’Alexandrie, où elle enseigne les mathématiques, l'astronomie, la physique et la philosophie. Un de ses élèves, Hesychius, la décrit se promenant dans Alexandrie « vêtue du manteau à capuche des savants du Musée, expliquant sans relâche les écrits de Platon, d'Aristote ou de tout autre philosophe à qui souhaitait l'entendre ». Elle enseigne aux jeunes gens de familles aisées, et on vient de loin pour lui demander conseil, notamment dans la construction d’instruments scientifiques.


Mais dans une Alexandrie multiculturelle, où se côtoie disciple de Yahvé, d'Isis ou de Mithra, une Alexandrie où le christianisme prend un essor considérable, la position d'Hypatie, dernière représente du paganisme et de la rationalité grecque, est de plus en plus difficile à tenir.


La montée en puissance de cette femme savante, et son influence auprès d'Oreste, préfet romain de la cité, sont perçue comme une menace par les premiers chrétiens, conduit par Cyrille, l’évêque local. Ceux-ci bataillent déjà fermement contre les juifs et les païens, et a déjà tenté de faire assassiner Oreste.


Suite à cet échec, Cyrille accuse Hypatie d’interférer dans les réconciliations avec le préfet. Pour l'évêque qui entend christianiser la ville, cette femme savante, écoutée et respectée ne peut être qu'un ennemi. Surtout qu'Hypatie fait savoir publiquement qu'elle entend rester fidèle au paganisme et aux générations de savants qui se sont succédé au Musée.

Hypathie par Charles William Mitchel.

HYPATIE PAR CHARLES WILLIAM MITCHELL (1885)

Un jour de mars 415, elle est agressée par les hommes de mains de Cyrille, qui la conduise dans l'église de Césarion. Mise à nue, elle est écorchée vive. Lorsqu'elle passa de vie à trépas, elle fut démembré avant que ses restes soient brûlés sur la place publique.


Après ces faits, Oreste tentera en vain, de dénoncer ce crime. Sentant son autorité lui échapper, le préfet romain finira par quitter la ville. Quant à Cyrille, il sera sanctifié.


Le meurtre d’Hypatie marque le la fin de la foisonnante vie intellectuelle d’Alexandrie et amorce le déclin scientifique de l’Europe, qui durera pratiquement un millénaire.

 


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