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Aux origines des constellations : les Poissons


La constellation des Poissons dans l'atlas d'Hevelius (1690)

Située en dessous d’Andromède et du carré de Pégase, la constellation des Poissons est constituée d’une multitude d’étoiles peu brillantes. Il faut donc un regard averti pour tenter d’y reconnaitre deux poissons unis l’un à l’autre par un ruban. La figure est située dans la « mer céleste », cette partie du ciel où sont regroupées des constellations ayant toutes un point commun avec l’eau : le Capricorne, le Verseau, la Baleine, le Poisson Austral, et le fleuve Eridan.


Comme toutes les constellations du zodiaque, les Poissons sont mentionnés sur les tablettes mésopotamiennes MUL.APIN (datant du VIIe siècle avant J-C, mais dont les données astronomiques remontent aux XIIIe/XIIe siècles avant J-C). Cependant, la figure des Poissons n’est pas d’origine mésopotamienne, car les Babyloniens y voyaient trois figures distinctes : ANUNITUM « Anunit, déesse au corps de poisson » et SHIM.MAH « l’hirondelle», dont une partie forme l’astérisme ZIBBATU « les queues ».


Constellation des Poissons dans l'Uranometria de Bayer

LES POISSONS DANS L'ATLAS DE BAYER (1603)


Du côté de la Grèce antique, les mythes liés à cette constellation sont assez pauvres, ce qui suggère une adoption tardive. Ératosthène par exemple, se contente de les associer au Poisson Austral « il s’agit des petits-fils du Grand Poisson ». L’auteur grec poursuit : « On raconte que le Grand Poisson se trouvait initialement dans un lac de la région de Bambycè. Dercéto était tombée dedans pendant la nuit, et il parait que le Poisson la sauva. C’est aussi de lui que naquirent les deux Poissons. A cause de Dercéto, qui était la fille d’Aphrodite, on leur rendit à tous trois les honneurs et on les plaça parmi les constellations ».


Quant à l’auteur latin Hygin, il relate l’histoire d’Aphrodite/Vénus et Eros/Cupidon surpris en Syrie au bord de l’Euphrate par Typhon. Les deux divinités se seraient alors jeter dans le fleuve et métamorphosées en poissons pour échapper au monstre. Hygin raconte également cette autre légende : « c’est aussi dans l’Euphrate que des poissons trouvèrent un œuf et le mire à l’abri sur terre : il fut couvé par une colombe et il en naquit la Vénus syrienne Nigid ».


Ces trois mythes ont deux points communs, la déesse Vénus ou son équivalent syrien Atargatis (Dercéto). Et la région de l’Euphrate avec la ville de Bambycé (Hierapolis en grec, aujourd’hui Manbij en Syrie), située à 40 km du fleuve. Dans l’Antiquité, cette ville était important sanctuaire dédié à la déesse Dercéto, parfois identifiée à Aphrodite. En raison du mythe associé à la déesse, les Syriens vénéraient les poissons et leur consommation était interdite. Les poissons de Bambycé étaient donc célèbres ce qui explique peut-être leur présence dans le ciel.


L’étoile la plus brillante de la constellation est Alrescha (la corde en arabe). Elle représente le nœud où se rattache les rubans des deux poissons. Les auteurs antiques comme Aratos et Cicéron lui accordèrent une importance particulière en la nommant « le nœud céleste », car en raison du mouvement de précession de la Terre, le point vernal se situait à proximité de cette étoile au cours du Ier siècle. C’est la raison pour laquelle les Poissons sont aujourd’hui considérés comme la première des constellations du zodiaque des astronomes.

ORIGINE DU NOMS DES ÉTOILES DES POISSONS

Carte de la constellation des Poissons

Alrescha (alpha Psc) : de l'arabe al Rischa « la corde »

Fum al Samakad (bêta Psc) : de l'arabe "la bouche du poisson"

Al Pherg (êta Psc) : ?

 

BIBLIOGRAPHIE :

Encyclopédie du ciel, Arnaud Zucker (sous la direction de), Ed : Bouquins/Robert Laffont (2016)

Les noms d'astres et de constellations, André Le Boeuffle, Ed : Les Belles Lettres (1977)

Le ciel des Arabes, Roland Laffitte, Ed : Geuthner (2012)

 



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