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Aux origines des constellations : la Balance


La constellation de la Balance dans l'Atlas d'Hevelius (1690)

Seul objet du zodiaque, la Balance eu bien du mal à s'imposer. La constellation semble être d’origine babylonienne. On la retrouve mentionnée sur les tablettes mésopotamiennes MUL.APIN (datant du VIIe siècle avant J-C, mais dont les données astronomiques remontent aux XIIIe/XIIe siècles avant J-C) comme ZI-BA AN.NA « la balance du ciel ». Cependant, les mésopotamiens la considéré comme un simple astérisme dépendant du Scorpion.


Pendant toute l’Antiquité, la figure hésite entre les pinces du Scorpion et une balance. Les auteurs grecs comme Eudoxe (vers 409-356 av J-C) et Aratos (vers 315-245 av J-C) se contentent de parler du Scorpion et de ses Pinces. Pour Ératosthène "le Scorpion, compte tenu de ses grandes dimensions, se répartit entre deux des douze signes du zodiaque. Les pinces occupent un signe, et le corps et le dard un autre". La figure de la Balance aura plus de succès chez Romains, qui l’adopteront depuis au moins la seconde moitié du IIe siècle av J-C. On la retrouve pour la première fois mentionnée chez Varron (116-27 av J-C) sous le nom de Libra « Balance ».

Constellation de la Balance dans l'Uranometria de Bayer

LA CONSTELLATION DE LA BALANCE DANS L'ATLAS DE BAYER (1603)


La Balance sera officialisée par Jules César en 46 av J-C, au moment de la réforme du calendrier. A l'époque, le Soleil était visible devant la Balance le jour de l'équinoxe d'automne, ce qui affirma la représentation de la figure comme symbole d'égalité entre la durée du jour et celle de la nuit. Pour faire place à la Balance, la constellation voisine du Scorpion s'est alors retrouvée amputée de ses pinces, ce qui a considérablement réduit sa place sur l'écliptique (aujourd’hui, le Scorpion se situe pour l’essentiel sous la ligne écliptique, tout comme le Sagittaire).


Hygin (87 av J-C - 17 ap J-C) mentionne "du fait de la grandeur de son corps, on divise [le Scorpion] en deux signes, la figure de l'un d'eux étant appelée par nos concitoyens la Balance". Certains auteurs latin se contentent de mentionnée la Balance comme Scorpii prior part (la partie supérieure du scorpion). Preuve que la constellation n’est toujours pas acceptée.


Finalement, trois éléments vont permettent aux Romains d'adopter cette nouvelle constellation dans le zodiaque :

  • Du point de vue savant, la Balance permet de situer la position du Soleil au moment de l’équinoxe d'automne. Elle deviendra alors le symbole de l’égalité du jour et de la nuit.

  • Du point de vue mythologie, la figure sera associée à sa voisine, la Vierge, pour devenir Diké (Astrée) le symbole de la justice.

  • Enfin, du point de vue astrologique, la Balance est le signe du successeur de César : Octave Auguste.

ORIGINE DU NOM DES ÉTOILES DE LA BALANCE :

Carte de la constellation de la Balance

REPRÉSENTATION MODERNE DE LA CONSTELLATION DE LA BALANCE.

LES ÉTOILES SONT DÉSIGNÉES PAR UNE LETTRE GRECQUE, SELON LA NOMENCLATURE DE BAYER

Au Moyen-Age, les astronomes arabes découvrant les auteurs grecs, reprendront le nom des pinces du Scorpion, comme l'atteste encore aujourd’hui les noms des étoiles Al Zubana « les pinces ». Puis, certainement au cours de traduction suivant, ils découvriront que la constellation fut renommée la Balance. Ce qui explique les noms latins d’étoiles, d’origine arabe Al Kiffatan « les Plateaux de la Balance ».

Zuben Elgenubi (alpha Lib) : de l'arabe Zubana l-Janubi « la pince australe », latinisé en Kiffa australis « le plateau sud de la Balance »

Zuben Eschemali (bêta Lib) : de l'arabe Zubana l-Samali « la pince boréale », latinisé en Kiffa borealis « le plateau nord de la Balance »

Zuben el Akrab (gamma Lib) : de l'arabe Zubana l-Aqrab « la pince du Scorpion »

Brachium (sigma Lib) : du latin « un bras », peut-être pour désigner le fléau de la Balance.

 

BIBLIOGRAPHIE :

Encyclopédie du ciel, Arnaud Zucker (sous la direction de), Ed : Bouquins/Robert Laffont (2016)

Les noms d'astres et de constellations, André Le Boeuffle, Ed : Les Belles Lettres (1977)

Le ciel des Arabes, Roland Laffitte, Ed : Geuthner (2012)

 


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