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Émilie du Châtelet (1706-1749) Biographie


Portrait d'Emilie du Châtelet, par Nicolas de Largillière

Férue de Science, la marquise du Châtelet est l’auteur de la première traduction des Principia de Newton. Avec ce travail, elle contribuera à faire connaitre en France les théories révolutionnaires du savant anglais.


Né à Paris le 17 décembre 1706, Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil est la fille du baron de Breteuil, chef du protocole à la cour de Louis XIV. Hostile au couvent, craignant que le physique de sa fille ne lui interdise toute réussite à la Cour (elle mesure 1,80m), son père décida de lui donner une solide éducation.


UN ESPRIT LIBRE ET SCIENTIFIQUE

Lorsqu’elle entre à la Cour à l'âge de 16 ans, elle se révèle attirante, intelligente, à l'esprit vif et à la langue acérée. Calculatrice prodige, elle est capable de réaliser de tête des multiplications à neuf chiffres !


Son éducation lui a donner le goût de la liberté. Elle décida alors de se trouver un mari âgé, riche et aussi absent que possible. Le marquis Florent-Claude du Châtelet possède toutes ces qualités. Propriétaire de nombreuses demeures où il réside peu, il s'intéresse essentiellement à la guerre et à la chasse, et fort peu aux sciences et aux lettres. Émilie l'épouse 1725, et lui donnera trois enfants.


Même si sa condition sociale la libère de certaines tâches domestiques, Émilie a une vie très prenante : gestion des finances familiales, gestions des fermes et appartements, des enfants, des domestiques, obligations mondaines.


Le duc de Richelieu l'encourage à entreprendre de sérieuses études de physique et mathématiques. Avec Maupertuis, elle étudie l'algèbre et la géométrie. Émilie poursuit ensuite ses cours avec Alexis Clairaut.


Elle rencontre Voltaire en 1733, à l'époque où celui-ci était en disgrâce en France suite à la publication de ses lettres philosophiques, manifeste anglophile, dans lequel il défend les idées de Newton. Il trouve refuge à Cirey, propriété d'Émilie, située dans le duché de Lorraine. Les deux amants aménagent le château en un véritable laboratoire scientifique, équipé de pompes, télescopes, microscopes, et de tout le matériel nécessaire pour refaire les expériences de Newton.


Cirey devient un centre de ralliement des Newtonniens français, parmi lesquels Maupertuis, Clairaut et Samuel Koenig.


En 1737, l'académie des sciences lance un concours sur la nature du feu. En désaccord avec Voltaire sur l'interprétation des résultats, Émilie décide d'entrer dans la compétition pour son propre compte, un mois avant la clôture du concours. Elle y travaille jour et nuit, ne s'accordant que quatre heures de repos par jour. Elle défend l'idée que lumière et chaleur n'était que les manifestations d'une même substance. Finalement, le premier prix revient à Euler, mais en raison de la notoriété d’Émilie et de Voltaire, l'académie accepta de publier leurs travaux à ses frais.


En 1740, elle publie Institution de physique, un manuel destiné à enseigner la physique à son fils. Il constitue la synthèse de la physique, incorporant les travaux de Descartes, Newton et Leibniz.

Portrait d'Emilie du Châtelet, par Marianne Loir (1748)

ÉMILIE DU CHÂTELET, TABLEAU DE MARIANNE LOIR (1748)

LA TRADUCTION DES PRINCIPIA

En 1687, Newton publie Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, plus connu sous le nom de Principia, ouvrage dans lequel apparait pour la première fois la théorie de la gravitation universelle. Si cette théorie connue immédiatement un vif succès outre-Manche, ce ne sera pas le cas en France où la majorité des scientifiques ont épousé les théories rationnelles de Descartes. L’idée qu’une force puisse agir à distance sans support matériel ne pouvait donc que leurs déplaire.


Pour la partie purement mathématique, la marquise s’adjoint les services de Clairaut, le spécialiste français des problèmes à trois corps. Malheureusement, en 1748, elle tombe amoureuse du marquis de Saint-Lambert. Enceinte à quarante-deux ans, elle entreprend alors une course pour terminer la traduction avant le terme de sa grossesse dont elle redoute l'issue. Elle est alors âgée de 42 ans. Le 4 juillet 1749, elle donne naissance à une fille. Quelques jours après, Émilie mourut de la fièvre puerpérale, alors qu'elle venait d'achever la traduction des Principia. Voltaire demanda à Clairaut d'en assurer l'édition, à titre posthume. Cette traduction restera une référence jusque dans les années 2000.


Émilie a été jalousé, voire haïe par ses rivales, et peu d'hommes lui rendirent hommage. Mais pour Émilie, l'intelligence constituait une revanche sur la place que la société d’alors accordait aux femmes.


SYMBOLE DES FEMMES INDÉPENDANTES

Émilie refusa de rester dans l'ombre de Maupertuis, de Voltaire ou de qui que ce soit. Elle se battait pour les deux millénaires ou les femmes ont pratiquement étaient interdites d'activité intellectuelle : « Jugez-moi sur mes propres mérites, écrite elle à Frédéric de Prusse, ou sur mes manques, mais ne me considérez pas comme un simple appendice de ce grand général ou de ce savant renommé, cette étoile qui brille à la cour de France ou cet auteur célèbre. Je suis, par moi-même une personne complète, seule responsable de moi-même pour tout ce que je suis, tous ce que je dis, tout ce que je fais. Il se peut qu'il existe des métaphysiciens et des philosophes plus savants que moi, bien que je ne l’aie pas encore rencontré. Oui, mais ce sont aussi de fragile humains, et ils ont aussi leurs défauts ; en sorte que, lorsque j'effectue le total de mes qualités, je confesse n'être inférieure à personne. »

 

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