Du calendrier julien au calendrier grégorien (2/2)
Notre calendrier s’est construit pas à pas, à partir des observations du Soleil et de la Lune.

Notre calendrier actuel découle directement du calendrier julien, réformé par Auguste. Malgrès l'introduction de l'année bissextile par Jules César en 46 avant J.-C, le calendrier était encore imparfait : son année de 365,25 jours était trop longue de 11 minutes par rapport à l’année tropique. Un problème qui ne fut réellement pris en compte que seize siècles plus tard ! Entre temps, de nombreuses tentatives de réforme du calendrier furent entreprises, sans succès. En 1582, le calendrier accusait 10 jours de retard sur le retour de l'équinoxe de printemps. C’est cette année-là que le pape Grégoire XIII réussit à proposer une réforme en deux points acceptable dans une majorité de royaumes catholiques.
Tout d’abord, afin de perdre les 10 jours excédentaires accumulés depuis le concile de Nicée (qui fixa l’équinoxe de printemps au 21 mars, pour ensuite définir la règle du calcul de Pâques), le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 devint le vendredi 15 octobre 1582. Puis, pour remédier au déphasage progressif qui représente un jour après 130 ans, soit trois jours après 400 ans, on décida de ne plus considérer comme bissextiles les années séculaires (multiple de cent) dont les deux premiers chiffres forment un nombre qui n’est pas divisible par quatre. Ainsi, tandis que dans le calendrier julien les années 1600, 1700, 1800, 1900 et 2000 sont toutes bissextiles, seules le sont, dans le calendrier grégorien, les années 1600 et 2000 (les nombres formés respectivement par les deux premiers chiffres, 16 et 20, sont divisibles par quatre), tandis que les années 1700, 1800 et 1900 deviennent des années communes. Ainsi, de 1600 à 2000, en 400 ans, on a éliminé trois années qui auraient été bissextiles selon le calendrier julien.

LE MOIS D'OCTOBRE 1582 DU CALENDRIER DE L'OPERA MATHEMATICA DE CHRISTOPHER CLAVIUS. ON CONSTATE L'AMPUTATION DE 10 JOURS ENTRE LE 4 ET LE 15 OCTOBRE, CONFORMEMENT A LA REFORME GREGORIENNE.
On peut vérifier par un calcul simple l’exactitude du résultat obtenu grâce à cette règle. Le calendrier grégorien comporte, en 400 ans, 303 années communes et 97 années bissextiles ; dans ces conditions, la durée moyenne de l’année est de : [(303x365) + (97x366)]/400 = 365,2425 jours, une durée qui, selon les déterminations astronomiques modernes, diffère de celle de l’année tropique de seulement 0,0003 jour, c'est-à-dire 26 secondes au lieu de 11 minutes dans le cas de l’année julienne. Cet excédent de 26 secondes entraîne un déphasage du calendrier grégorien par rapport à l’équinoxe de printemps de un jour tous les 3 226 ans ! On a même déjà prévu comment corriger cette différence : les années 4000, 8000 et 12000, en principe bissextiles selon la règle du calendrier grégorien, seront finalement des années communes.

NATIF DE BOLOGNE, UGO BONCOMPAGNI DEVINT PAPE SOUS LE NOM DE GREGOIRE XIII, LE 13 MAI 1572. DIX ANS PLUS TARD, IL REFORMAIT LE CALENDRIER JULIEN VIEUX DE 1600 ANS. PEINTURE DE SCIPIONE PULZONE.
ADOPTION DU CALENDRIER GREGORIEN
La réforme grégorienne fut diversement appliquée suivant les pays, notamment en raison de différends religieux. Ainsi, à Rome, en Espagne et au Portugal, tout comme pour l’Église catholique, le nouveau calendrier entra en vigueur le lendemain du 4 octobre 1582. La France d’Henri III appliqua la réforme le lendemain du dimanche 9 décembre 1582, qui fut donc le lundi 20 décembre. Aux Pays-Bas catholiques, le nouveau calendrier fut appliqué le lendemain du jeudi 14 décembre 1582. Les états catholiques d’Allemagne et de Suisse appliquèrent la réforme deux ans plus tard. Quant aux états protestants des Pays-Bas, d’Allemagne et de Suisse, ils ne s’alignèrent qu’à partir de 1700 et chacun à des dates différentes !
En Angleterre, devenue anglicane suite au divorce d’Henri VIII, la réforme calendaire fut encore plus tardive. Elle entra en vigueur le lendemain du mercredi 2 septembre 1752, qui fut suivit du jeudi 14 septembre 1752, le retard accumulé par le calendrier julien étant passé à 11 jours. L’année 1752 avait aussi commencé trois mois plus tôt afin d’aligner le jour de l’an anglais avec le 1er janvier au lieu du 1er avril traditionnel. En raison de cette réforme, on peut parfois lire que Galilée est mort l’année de la naissance de Newton. En réalité il n’en est rien, car Galilée est décédé le 8 janvier 1642 du calendrier grégorien, alors que Newton est né le 25 décembre 1642 du calendrier julien, soit le 4 janvier 1643 du calendrier grégorien. Newton est donc né pratiquement un an après la mort de Galilée.
Le calendrier grégorien fut adopté à partir de 1873 au Japon, et en 1912 en Chine. Quant à l’URSS, elle appliqua la réforme en 1918 : c’est pourquoi la révolution d’octobre est aujourd’hui fêtée en novembre, le 24 octobre 1917 julien correspondant désormais au 6 novembre 1917 grégorien !
Aujourd’hui, à l’exception de cinq pays (Afghanistan, Arabie Saoudite, Éthiopie, Iran, Népal et Viêt-Nam), le calendrier grégorien est devenu un calendrier civil et internationalement reconnu, ce qui le rend peu susceptible de nouvelles modifications.
