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Disque de Nebra, la plus ancienne représentation du ciel


Retrouvé en 1999 à Nebra-sur-Unstrut en Saxe-Anhalt (Allemagne), le disque de Nebra est (trop) souvent présenté comme un objet ésotérique, une "ordinateur astronomique" ou une "véritable encyclopédie du savoir des anciens". Je vous propose de démêler le vrai du faux en vous expliquant ce que l'on peut réellement apprendre de cet objet, et en vous montrant que les connaissances astronomiques qu'il renferme n'ont rien d'exceptionnelles !


Le disque de Nebra est une plaque circulaire en bronze de 30 cm de diamètre, pesant 2kg. Il a été retrouvé en 1999 par des fouilleurs clandestins à l’aide d’un détecteur à métaux. Il est aujourd’hui conservé au Musée régional de la Préhistoire de Halle, en Allemagne.


Le disque a été retrouvé en compagnie d’autres objets en bronze (restes de bracelets en spirale, un ciseau, deux haches à rebords et deux épées), ce qui a permis une datation de l’ensemble de ces objets à 1600 av J-C.


Plusieurs indices montrent que le lieu de la découverte était sacré. Tout d'abord, le site est doté de murs et de fossés dont la disposition et la forme suggèrent qu'il ne s'agit pas de fortifications, mais de la limite d'un territoire sacré. Cela est d'autant plus probable qu'aucune trace d'installation humaine permanente n'a été découverte sur la colline. Les différents objets retrouvés au sommet de la colline devaient donc très certainement constituer un dépôt cultuel, une offrande aux dieux.


QUATRE ÉTAPES DE FABRICATION

L’analyse du disque de Nebra nous indique qu’il fut réalisé en quatre étapes distinctes :


disque de Nebra

1) Création d'une plaque en bronze, avec répartition de 32 pastilles dorées, que l’on suppose être la représentation des étoiles.

2) Insertion de deux arcs latéraux d'or supplémentaires. Ils sont postérieurs car l’arc de droite se superpose à deux étoiles, et l’arc de gauche cache partiellement une étoile.

3) Ajout d’un arc doré, strié, dans la partie basse du disque.

4) Percement de 38 trous espacés régulièrement le long de sa périphérie. Ce qui laisse penser que le disque était fixé sur un support périssable.


Les durées entre ces transformations successives ne sont pas connues. Mais comme le disque de Nebra était un objet sacré, il est probable qu'on ne devait pas le modifiait souvent.

disque de Nebra

INTERPRETATION

Les pastilles dorées qui représentent les étoiles semblent répartie de façon aléatoire. A l'exception du groupe de sept qui semble représenter l’amas des Pléiades.


Au centre du disque, on reconnait facilement le croissant de Lune. A ses côtés, un disque plein qui peut représenter soit la pleine lune, soit le Soleil.


Sur les bords, deux arcs de cercle dorés. Les arcs mesurent des angles de 82°, ce qui correspond aux directions des points extrêmes des levers et couchers du Soleil pour la latitude de Nebra.


disque de Nebra

En effet, si l’on pose le disque à plat, à l’endroit où il a été trouvé, les deux arcs de cercle servent d’angle de visée qui permettent d’avoir des points de repères sur l’horizon. Lors du solstice d'été, le Soleil se couche sur le Mittelberg derrière le mont Brocken, la plus haute montagne d'Allemagne du Nord (1 141 mètres).


D’autres dates peuvent également être repérées. Ici, je me risque à une interprétation personnelle. On peut supposer que la présence sur le disque du croissant de Lune et de l’amas des Pléiades suggère une véritable conjonction céleste entre les deux astres. Or, le seul moment de l’année où le croissant de Lune et les Pléiades sont visibles côte à côte au-dessus du Soleil couchant, c’est au mois de mars, mois qui contient l’équinoxe de printemps. Le disque de Nebra pourrait donc être un calendrier céleste, indiquant les solstices et les équinoxes.


Mais le plus énigmatique reste l’arc doré strié, en bas du disque. Pour les chercheurs, il pourrait s’agir d’une barque solaire, indiquant le voyage du Soleil pendant la nuit entre l'horizon du matin et celui du soir. Cette barque solaire n’est pas sans rappeler les barques égyptiennes que l’on retrouve sur des représentations datant de 2200-2100 av J-C.


Si tel était le cas, cela suppose que les hommes du néolithique qui vivaient au nord de l’Europe auraient développé une cosmogonie proche de celle des Égyptiens. A moins qu’il y ait eu transmission des savoirs …


Mais le plus étonnant, c’est que des hommes aient réussit à reporter des repères astronomiques avec autant de précision sur un objet aussi petit (30 cm de diamètre), et ce, dès le 16e siècle av J-C.


Aujourd’hui, le disque de Nebra est interprété par les chercheurs comme la plus vieille représentation du ciel. Ce qui en fait un objet totalement inédit dans le monde. De tout évidence, le sommet du Mittelberg, en Allemagne, devait être un endroit d'un intérêt astronomique particulier, suffisamment en tout cas pour qu’il devienne un lieu de culte. Cela nous montre que l’association de l’interprétation des astres au divin était déjà bien présente dès l’âge du bronze.

 
Sebastien Beaucourt astronome

Un article de Sébastien Beaucourt, médiateur scientifique au Planétarium de Reims. Suivez-le sur YouTube : Lecielenquestions.fr




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