Denys l’aréopagite d'Antoine Caron
Entre 1559 et 1589, Antoine Caron (1521-1599) travaille à la cour du roi de France pour Catherine de Médicis.
Les penchants de la reine pour l’astrologie sont bien connus. Et il faut dire que la nature le lui rend bien. Son premier fils, le futur François II, nait cinq jours avant l’éclipse de Soleil de 1544, qui fut partielle en France. Et il décéda quelques mois seulement après l’éclipse de Soleil de 1560. Quant à son frère, le futur Henri III, il voit le jour trois semaines après l’éclipse de Soleil de 1551.

Ces différentes coïncidences sont peut-être la source d’inspiration d’Antoine Caron pour son tableau Denys l’aréopagite, sur lequel il décide de représenter une éclipse totale de Soleil.
Au premier plan, un savant à barbe blanche pointe sa canne vers une sphère armillaire posée au sol. Derrière lui, un autre réalise des mesures à l’aide d’un compas. Le personnage central désigne du bras le phénomène astronomique en train de se produire. En arrière-plan, les autres personnages semblent avoir une attitude partagée entre fascination et inquiétude face au phénomène.

Tout dans ce tableau concours à présenter une atmosphère assez étrange. Le cadre urbanistique ne correspond à aucune ville précise, et la scène est bien trop lumineuse pour une éclipse totale de Soleil. Les couleurs chaudes rappellent davantage l’ambiance d’un coucher de Soleil. Quant aux ombres des personnages du premier plan, elles partent vers l’arrière, alors qu’elles devraient être dans la direction opposée au Soleil.
Il faut dire également qu’à l’époque, le phénomène des éclipses est encore assez mal connu et est souvent interprété comme un signe du destin, bon ou néfaste. On peut également y voir l’ambiance particulière qui devait régner à la cour de France, baignée par les croyances astrologiques.

Médiateur scientifique professionnel, conférencier, auteur et astrophotographe, Sébastien Beaucourt pratique l'astronomie depuis plus de 20 ans.