Le ciel astronomique de Qusayr Amra

Construit au début du VIIIe siècle, ce château du désert fut redécouvert en Jordanie par l’explorateur tchèque Aloi Musil en 1898. Qusayr Amra (petit palais) était à la fois une forteresse abritant une garnison et l’une des résidences du calife al-Walid II (743-744). Ce petit château est doté en particulier d'une salle d'audience et d'un hammam aux riches peintures murales.
L'ensemble des fresques du complexe balnéaire et de la salle d'audience sont uniques, et témoignent des débuts de l’art de l’époque Omeyyade (fin VIIe et début VIIIe siècle). Les peintures murales représentent des portraits et des scènes de chasse de style byzantin, des descriptions d'animaux et d'oiseaux, accompagnées d'inscriptions en grec et en arabe.
D'un point de vue astronomique, le plus intéressant est la représentation des constellations sur la voûte du caldarium (salle du bain chaud). C’est l'une des plus anciennes représentations connues d'une carte du ciel subsistant sur un dôme. C’est également la plus ancienne représentation des constellations dans le monde musulman, précédant de près de deux siècles le livre des étoiles fixes d’al-Sufi (vers 964).

LES CONSTELLATIONS PEINTES SUR LA COUPOLE DU CALDARIUM.
ON RECONNAIT AU CENTRE, LA GRANDE OURSE
Sur la coupole de 2,6 m de diamètre, les 48 constellations d'écrites par Ptolémée (IIe siècle) semblent représentées. Bien que les peintures soient très endommagées, on reconnait facilement les constellations circumpolaires (Grande Ourse, Petite Ourse, Dragon, Cassiopée), ainsi qu’Orion, les Gémeaux, le Serpentaire et le Navire Argo. Les représentations des constellations semblent inspirées des Aratea occidentaux, avec toutefois un début d’orientalisation : Céphée lève un bras et plie un genou, le Bouvier lève une jambe, le Sagittaire se retourne pour tirer sa flèche.
A la même époque, dans le monde chrétien, les cieux astronomiques ont laisser la place à la gloire du Christ, entouré des apôtres et des anges.
La coupole de Qusayr Amra semble davantage liée aux représentations dédiées aux dieux des cultes préislamiques. Le caldarium était la pièce par excellence consacrée au prince Omeyyade habitant les lieux. Tous les astres ainsi conjugués rendaient un hommage à sa présence. Cette symbolique princière païenne n’est pas sans rappeler les anciennes symboliques astrales des princes antiques, à l’image de la Maison Dorée de Néron à Rome.