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Quel calendrier utilisait-on dans l’Égypte antique ?

La plupart des calendriers antiques sont des calendriers lunaires, basés sur le cycle des phases de la Lune. Les Égyptiens furent les premiers à abandonner ce type de calendrier, pour fixer l’année sur le Soleil. Pour autant, ce calendrier n’était pas un calendrier purement solaire.



LE LEVER HÉLIAQUE DE SIRIUS ET LA CRUE DU NIL

L’abandon du calendrier lunaire est simple à comprendre. Pour les Égyptiens, le retour de la crue fertilisante du Nil est bien plus important que les phases de la Lune. Ces crues se produisaient en moyenne une dizaine de jours après le solstice d’été. Mais elles n’avaient pas une régularité suffisante pour servir de base à un calendrier, car elles étaient dues aux pluies de mousson sur les hauts plateaux d’Abyssinie, phénomène météorologique dont le début peut varier sur plusieurs semaines. Les Égyptiens devaient trouver un phénomène facilement observable coïncidant en moyenne avec les crues pour pouvoir prévoir celles-ci. La régularité des étoiles allait les y aider.


Ils utilisèrent le lever héliaque de l’étoile Sirius (Sopdet pour les Egyptiens, Sothis en grec), l’étoile la plus brillante du ciel. Le lever héliaque de cette étoile marque la fin d’une période de 70 jours durant laquelle le Soleil, dans son déplacement apparent sur la voûte céleste, occulte la dite étoile. Celle-ci est alors de nouveau visible le matin vers l’est, juste avant le lever du Soleil (Hélios en grec). En tenant compte du mouvement de précession de la Terre, on peut calculer que le lever héliaque de Sirius se produisait une dizaine de jours après le solstice d’été vers 4236 avant J.-C.


DÉCOUPAGE DE L’ANNÉE ÉGYPTIENNE

Nous savons par Hérodote que le calendrier égyptien comptait 12 mois de 30 jours, chaque mois étant divisés en 3 semaines de 10 jours, appelées décades. Pour que cette année de 360 jours reste en accord avec les crues du Nil, les prêtres-astronomes ajoutèrent 5 jours à la fin de chaque année : les jours épagomènes. Ces jours, considérés comme néfastes, correspondaient à la naissance des dieux Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephtys.


L’année se divise ensuite en 3 saisons de 4 mois de 30 jours, qui permettent de rythmer la vie agricole. Pendant longtemps, seules les saisons eurent un nom. C'est seulement au IVème siècle avant J.-C que les mois furent baptisés à leur tour :


Calendrier égyptien

Mais rapidement, le calendrier et les crues du Nil ne s’accordèrent plus. Car l’année égyptienne est trop courte d’1/4 de jour par rapport à l’année solaire de 365,25 jours. Si on ne tient pas compte de ce quart de jour supplémentaire, le calendrier se décale rapidement par rapport aux saisons. On perd ainsi un jour complet au bout de 4 ans, soit 25 jours par siècle. C'est pourquoi le calendrier égyptien n'est pas considéré comme un calendrier solaire. Il s'agit d'un calendrier "vague", c'est à dire approximatif.


Peintures de la tombe d'Ounsou : travaux agricoles

LA RÉCOLTE ET LA PRÉPARATION DU SOL VERS 1450 AV J-C (18e DYNASTIE)

- MUSÉE DU LOUVRE

Pourtant, les Egyptiens auraient pu corriger facilement le calendrier en ajoutant par exemple, un jour épagomène supplémentaire tous les quatre ans. Cependant, l’établissement du calendrier était l’apanage des grands prêtes, et servait de base aux rites religieux. En refusant de corriger le calendrier, les prêtes conservaient ainsi le monopole de l’annonce des crues du fleuve, et donc leur pouvoir.


Naturellement, ce calendrier se resynchronisa avec le Nil au bout de 1460 ans (365 x 4 ans). Mais malheureusement pour les grands prêtres, un autre mouvement de la Terre, inconnu de leur part, décale progressivement les étoiles d’un degré tous les 72 ans : la précession des équinoxes. Tant et si bien que le calendrier égyptien ne se resynchronisa pas tout à fait comme ils auraient pu l’espérer !


Finalement, l’introduction d’un sixième jour épagomène tous les 4 ans sera instaurée en 238 avant J.-C, par Ptolémée III (décret de Canope).


Malgré ses imperfections, le calendrier égyptien reste en vigueur pendant près de quatre mille ans. Il sera à l'origine du calendrier julien.

 


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